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Quelle Allemagneaprès Merkel ?


L’Allemagne est à un moment charnière de son histoire. La révolution numérique et environnementale oblige son modèle économique, qui a fait sa force ces dernières années, à se transformer. En témoigne l’épisode douloureux des inondations qui ont submergé le pays en juillet 2021. Le départ d’Angela Merkel, en septembre 2021, bouleverse le paysage politique après 16 années marquées par la stabilité. Parallèlement, l’Allemagne doit composer avec son nouveau statut de puissance, qui l’oblige à assumer davantage de responsabilités sur le plan économique, politique mais également militaire - avec le retrait des troupes américaines d’Afghanistan qui participe d’une réorientation de la politique allemande de sécurité.

Comment l’Allemagne, considérée il y a 20 ans comme "l’homme malade de l’Europe", est-elle parvenue à s’affirmer comme la puissance centrale du continent ? Quelles sont les conséquences économiques et géopolitiques de cette affirmation ? Et comment l’Allemagne se prépare-t-elle à "l’après Merkel" ? Pour répondre à ces questions, l’Institut Montaigne propose une plongée dans l’Allemagne contemporaine, marquée par 16 années de prospérité et de stabilité, qui s’affirme aujourd’hui comme une puissance "modérée". Au travers de plus de 40 auditions, cette note entend donner la parole aux acteurs économiques, politiques et académiques, afin de comprendre les débats qui traversent le pays à la veille des élections.


Le territoire allemand se transforme


Comprendre l’Allemagne, c’est comprendre l’organisation de son territoire. Pays décentralisé et récemment réunifié, son modèle repose avant tout sur une concurrence entre les stratégies de développement économiques des différentes régions. L’Allemagne voit aujourd’hui ses équilibres évoluer, à travers l’affirmation d’un nouveau centre, Berlin, et la recomposition de ses anciennes périphéries.

Berlin affirme son rôle de capitale

L’affirmation de Berlin comme capitale de l’Allemagne est incarnée par l’inauguration de plusieurs bâtiments emblématiques durant la crise, comme le nouvel aéroport Willy Brandt et le Château de Berlin. Le rattrapage économique de la capitale de la première puissance d’Europe est poussé par le boom de l’immobilier et l’émergence d’une scène de start-ups particulièrement dynamique. Longtemps considérée comme une exception, la capitale berlinoise joue désormais pleinement son rôle de laboratoire politique pour le reste du pays.

La fracture Est-Ouest se réduit

La pandémie a touché l’ensemble de l’Allemagne sans marquer de véritable distinction entre l’Est et l’Ouest. La fracture Est-Ouest reste une réalité mais le déclin économique et démographique de certaines régions de l'Ouest tend à rendre obsolète cette ancienne fracture comme cadre d’analyse. L’ancienne Allemagne de l’Est révèle par ailleurs, dans certaines régions, un dynamisme original porté par l’avènement d’une nouvelle génération, qui ne se considère plus comme une "victime" de la réunification, et par la volonté du gouvernement fédéral d'utiliser la politique industrielle verte pour accélérer le développement économique des "nouveaux Länder".

Le Mittelstand gagne en puissance

En 2018, en réaction à la crise des gilets jaunes en France, le gouvernement fédéral a installé une commission visant a résorber les écarts de développement économique entre les espaces urbains et les espaces ruraux. Si l'écart ville-campagne existe, il est atténué en Allemagne par la présence d’une industrie en milieu rural composée d’entreprises familiales particulièrement performantes : le Mittelstand. Celui-ci contribue traditionnellement au succès économique de l’Allemagne et à la structuration de son territoire, mais il aborde les prochaines élections avec inquiétude.


La vie politique allemande se recompose


Après 16 ans de pouvoir, le départ d’Angela Merkel ouvre un vide politique. C’est la première fois depuis la création de l’Allemagne, que le Chancelier sortant ne se représente pas.




La volatilité des intentions de vote est marquée par une fluctuation du vote en faveur de l’Union chrétienne-démocrate (CDU), et des Verts et du SPD. Cette recomposition de la vie politique allemande ne marque pas de véritable rupture, dans la mesure où chacun des grands partis cherchent, à sa manière, à se positionner comme un nouveau "centre".


CDU-CSU, le premier parti d'Allemagne ?


Un temps favori dans les sondages, l’Union de la CDU et de la CSU bavaroise, le premier parti d’Allemagne, doit faire face à plusieurs défis en vue des prochaines élections. Écrasé par la figure de la Chancelière, son personnel politique est relativement effacé. Après 16 années de gouvernement au centre, le parti n’a plus d’identité et apparaît aujourd’hui profondément divisé. Malgré un affaiblissement inédit et la perte de popularité de leur candidat Armin Laschet, les conservateurs misent sur un programme sans contours pour tenter de remporter les prochaines élections.


La montée des Verts allemands


L'ascension - quelque peu ralentie, des Verts allemands - est liée au renforcement de leur crédibilité, en particulier dans le domaine de la géopolitique et de l’économie, et représente l’élément le plus nouveau de cette campagne. Portée par une vague verte et cherchant à incarner un changement de génération, le parti Die Grünen s'apprête à gouverner au sein d’une future coalition.


Le SPD en déclin ?


Longtemps en chute libre dans les sondages après l’agenda de réformes imposées par le Chancelier Gerhard Schröder, le parti social-démocrate (SPD) remonte dans la course aux législatives de manière inattendue. En misant sur la notion de "respect" pour regagner l'électorat populaire qui se perçoit comme le grand perdant de la mondialisation ainsi que sur la crédibilité de son candidat, le Vice-Chancelier Olaf Scholz, qui apparaît comme la personnalité la plus expérimentée pour présider aux futures destinées de l’Allemagne, le SPD pourrait créer la surprise lors des prochaines élections.


AfD : l’extrême droite en perte de vitesse


Né de la crise de l’Euro et renforcé par la crise des réfugiés, le parti d’extrême-droite AfD (Alternative pour l'Allemagne) est désormais la troisième force politique du pays, sur laquelle il faut compter. En baisse dans les sondages, il n’a cependant pas réussi à capitaliser sur la crise sanitaire pour trouver un nouvel élan. Le rôle assumé par le parti libéral comme "Protest-Partei" (Parti de protestation) explique en partie cette stagnation, mais surtout ses divisions internes et sa radicalisation qui le discréditent en tant que potentiel parti de gouvernement.


AUTEURS

Alexandre Robinet-Borgomano et Marion Van Renterghem


Alexandre Robinet-Borgomano est responsable du programme Allemagne de l’Institut Montaigne. Il a travaillé auparavant au Bundestag, comme attaché parlementaire d’un député allemand, et pour la Fondation du patrimoine culturel prussien. Il a également participé au lancement d’un fonds d’investissement européen dans le domaine de la Smart City et pris part à l’initiative pour l’unification du droit des affaires en Europe. Il est diplômé de Sciences Po et titulaire d’une maîtrise en histoire moderne de la Sorbonne.


Marion Van Renterghem est grand reporter, lauréate du prix Albert-Londres et auteure de C’était Merkel (Les Arènes, 2021). Dans son dernier essai intitulé Mon Europe, je t’aime moi non plus (Stock, 2019) elle retrace, à travers une série de portraits et de rencontres, l'histoire de l’Europe de la chute du mur de Berlin aux replis nationalistes d’aujourd’hui. Elle prépare pour la télévision française un nouveau portrait de la Chancelière allemande qui sera diffusé en septembre 2021.


Référence: https://www.institutmontaigne.org/publications/quelle-allemagne-apres-merkel

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