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  • thefunkyman

Placements : ces 3 réflexes naturels qui nous font perdre de l’argent

Échaudés par la volatilité des marchés financiers, de nombreux épargnants ignorent la Bourse et se privent ainsi de rendements substantiels. Mais pour Albert d’Anthoüard, directeur de la clientèle privée chez Nalo, ce sont surtout de leurs émotions dont les investisseurs doivent se méfier.


Tribune libre

Avez-vous déjà eu le sentiment de faire un mauvais placement ? Ou de ne pas avoir pris la bonne décision pour votre argent ? Rien de plus normal. Cela arrive aux débutants comme aux investisseurs les plus aguerris. La recherche en finance comportementale a montré que la psychologie de l’investisseur est source d’erreurs de jugement majeures. En cause : les biais cognitifs, des erreurs systématiques dans la façon de raisonner et de décider. Ces biais influencent toutes les décisions de notre vie quotidienne, mais certains d’entre eux sont particulièrement redoutables pour nos comportements financiers.


L’aversion à la perte : pourquoi éviter les risques, c’est perdre à tous les coups


Pour beaucoup d’épargnants, il est naturel d'éviter la prise de risque car notre cerveau associe la notion de risque à celle de perte. Et personne ne souhaite perdre de l’argent ! Ce raisonnement nous tient intuitivement à l’écart des placements dits “risqués”. Nous fuyons l’investissement en Bourse, qui présente un risque de perte en capital, pour privilégier les placements à capital garanti : les fonds euros des contrats d’assurance vie, les livrets réglementés, voire tout simplement notre compte courant. Autant d’investissements qui n’en sont pas, puisqu’ils ne rapportent rien (dans le cas du compte courant) ou au mieux 1,1% (moyenne du taux des fonds euros en 2020), soit moins que l’inflation (2,2% annualisés en septembre 2021). Autrement dit : garder notre argent à l’abri d’un potentiel risque de perte… C’est en réalité perdre du pouvoir d’achat !


Notre cerveau nous induit en erreur car il est beaucoup plus sensible aux pertes qu’aux gains. Perdre 100 euros nous affecte 2 fois plus que de gagner la somme équivalente. C’est la conséquence directe de nos mécanismes naturels de peur et de protection : nos ancêtres primitifs étaient contraints pour survivre en milieu hostile de toujours se préparer au scénario du pire. Aujourd’hui, face à la volatilité des marchés qui fluctuent à la hausse comme à la baisse, nous retenons le “risque” de perdre plutôt que la perspective de gagner.


Pourtant, les statistiques historiques sont formelles : le risque de perte sur les marchés financiers s’atténue avec le temps. Investir sur 1 an dans l’indice MSCI World (représentant les 1.600 plus grandes entreprises mondiales), c’est prendre un risque de perte de 30%. Mais ce risque tombe à 10% si l’on investit sur 10 ans et disparaît totalement pour un investissement d’une durée de 15 ans. Pourquoi ? Parce que sur le long terme, la tendance haussière du marché est plus forte que les fluctuations de leur cours de Bourse. Attention donc à ne pas trop confondre volatilité et perte. Investir n’est pas seulement le meilleur moyen de gagner de l’argent, c’est aussi le seul moyen de ne pas en perdre sous l’effet de l’inflation année après année !


Même si nous savons qu’il faut investir pour préparer l’avenir, nous avons globalement du mal à nous projeter sur le long terme. Dans bien des aspects de notre vie, nous privilégions la satisfaction immédiate à la perspective d’un progrès vers un objectif lointain.


Le biais du temps présent, c’est le biais de la procrastination. Celui qui nous guide irrésistiblement vers ce restaurant entre amis plutôt que cette séance de sport dominicale à laquelle nous n’arrivons décidément pas à nous tenir. Au travail, iI nous encourage à traiter en priorité une multitude de petites tâches rapides, puis un café entre collègues, plutôt qu’à démarrer ce grand travail de fond qui va nous demander des heures de concentration. Idem quand il s’agit de nos finances personnelles. Préférez-vous gagner 1.000 euros aujourd’hui, ou attendre 6 mois pour en toucher, peut-être, 1.100 ? Nous préférons généralement sécuriser un gain immédiat plutôt qu’attendre un gain potentiellement plus élevé, mais plus éloigné. De la même manière, nous avons la mauvaise habitude de consulter très régulièrement l’état de nos investissements et de prendre des décisions de court terme sous le coup de l’émotion. Par exemple : retirer notre argent placé lorsque les marchés baissent, de peur d’en perdre davantage, alors qu’attendre tranquillement la reprise serait bien plus intéressant s’il s’agit de sommes dont on n’a pas besoin dans l’immédiat. Les marchés financiers ont besoin de temps pour faire fructifier notre épargne : il faut le leur laisser. Reprenons notre indice MSCI World. Sur un horizon d’un an, on observe un rendement moyen de 6,8%. Cette perspective de gain explose à long terme, à mesure que le risque de perte diminue : 40% à 5 ans, 73,3% à 10 ans et 169,9% pour un investissement sur 15 ans ! Pourquoi ? Parce qu’investir sur une longue période permet de bénéficier des intérêts capitalisés : les plus-values et les dividendes acquis la première année sont réinvestis l’année suivante, génèrent à leur tour des intérêts, et ainsi de suite. Il faut donc envisager l’investissement non pas comme une perspective de gains immédiats à un instant t, mais comme un moyen d’atteindre nos objectifs à terme.


Les biais de traitement de l’information : pourquoi il ne suffit pas de s’informer pour bien décider

Ne pas confondre prise de risque et peur de perdre, envisager nos finances à long terme… C’est plus facile à dire qu’à faire. En réalité, notre cerveau n’est tout simplement pas capable de gérer avec discernement le flux d’informations continu que nous recevons. Qu’il s’agisse des informations transmises par nos prestataires de services financiers (relevés de comptes), par les médias (suivi des marchés en temps réel), par les réseaux sociaux ou simplement par nos proches… Aucune de ces informations ne peut être traitée objectivement, sans l’interférence de plusieurs biais cognitifs totalement inconscients.


Pour n’en citer que quelques-uns, commençons par le biais de confirmation : nous sélectionnons automatiquement les informations qui nous confortent dans nos choix. Nous sommes donc plus sensibles aux publicités de la marque que nous consommons qu’à celles de la marque concurrente. Et nous sommes plus réceptifs aux arguments en faveur de nos décisions financières (“le Livret A n’est pas fiscalisé, il ne fait donc pas perdre de l’argent”), qu’à ceux qui les contredisent (“un placement qui rapporte est plus intéressant dans la durée, même en tenant compte de la fiscalité”). Le biais d’ancrage, quant à lui, nous incite à rester fixés sur notre première impression, ce qui nous empêche de remettre en question nos choix. Le biais de cadrage est particulièrement pernicieux : nous pouvons prendre des décisions radicalement différentes selon la manière dont est présentée une même information. Pour reprendre l’exemple du MSCI World : si je vous dis qu’investir sur cet indice pendant 10 ans présente un risque de perte de 10%, vous allez certainement fuir ce placement. Et manquer une belle opportunité d’obtenir en moyenne 73,3% de rendement, que vous auriez sûrement saisie si je vous avais présenté les choses de cette manière. En résumé, le volume d’informations que nous recevons est trop important. Nous avons donc recours à des raccourcis, des systèmes de pensée simplifiés, qui nous conduisent à prendre des décisions qui ne sont pas optimales pour notre argent.


La liste des biais cognitifs est encore longue et il n’y a aucun intérêt à la passer en revue de manière exhaustive. Ce qu’il faut en retenir, c’est que notre jugement est inévitablement biaisé, ce qui peut nous amener à faire de mauvais choix financiers.

Quelle est la solution ? Connaître ses propres biais est déjà un bon début. Il faut ensuite se fixer des règles claires de décision claire et surtout, s’y tenir. Pour cela, déléguer la gestion de ses performances est d’une aide précieuse, car les performances passées ne présagent pas des performances à venir et seul un professionnel saura vous aider à garder la tête froide face aux évolutions du marché. Nous déléguons bien les décisions concernant notre santé : chacun connaît les dangers de l’automédication et il ne nous viendrait pas à l’idée de dicter notre ordonnance à notre médecin !


Référence: https://www.capital.fr/votre-argent/placements-ces-3-reflexes-naturels-qui-nous-font-perdre-de-largent-1417838

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