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  • thefunkyman

BCE: Ocean's 75



Deux principaux risques découlent d’un durcissement monétaire accéléré. Le premier est le retour du stress sur les dettes souveraines. Le second est une correction à la hausse de l’inflation à moyen terme.


La Banque centrale européenne (BCE) pourrait augmenter son taux de dépôt de 75 points de base mercredi 8 septembre, le portant à 0,75%. Cela serait une première dans l’histoire de l’institution monétaire. Les investisseurs anticipent désormais un taux BCE de 1,6% fin 2022, en hausse de 40 points de base par rapport à la semaine passée. Cet ajustement fait suite (i) à la publication du chiffre d’inflation qui a surpris à la hausse en atteignant un niveau record de 9,1% en août et (ii) aux discours plus agressifs de plusieurs membres du Conseil des gouverneurs de la BCE. Isabelle Schnabel, lors de son discours à Jackson Hole, a souligné la nécessité de poursuivre le resserrement monétaire malgré une probabilité de récession de plus en plus élevée. Cette évolution a favorisé la hausse des taux souverains à 10 ans: 1,6% pour le Bund allemand, 2,2% pour l’OAT française et 4% pour le BTP italien.


Plusieurs facteurs poussent la BCE à accélérer le rythme de son resserrement monétaire. Les premiers sont factuels. L’inflation a progressé de 9,1% sur un an en août contre 8,9% en juillet, aggravée par la crise énergétique. Le prix du gaz naturel est désormais de 250 euros par mégawattheure contre une moyenne de 17 euros/MWh entre 2015 et 2020. Cela se répercute sur les prix de l’énergie mais également sur les denrées alimentaires qui ont respectivement augmenté de 38,3% et 10,6% sur un an. Surtout, en excluant les prix de l’énergie et de l’alimentation, l’inflation sous-jacente a atteint 4,3%, soit son plus haut niveau de tous les temps. Autrement dit, la hausse des prix n’est donc plus seulement concentrée sur les éléments les plus volatiles puisque les prix des services ont progressé de 3,8% et ceux des biens industriels de 5%. Par ailleurs, les perspectives économiques accentuent la pression sur la BCE. L’annulation de certaines subventions gouvernementales font craindre une hausse de l’inflation d’ici la fin de l’année. Aussi, la spirale prix-salaires n’est pas encore visible mais les risques d’un tel phénomène sont bien présents. La variation annuelle des salaires négociés a doublé en début d’année pour atteindre 3% en zone euro et 4% en Allemagne.


Deux principaux risques découlent d’un durcissement monétaire accéléré. Le premier est le retour du stress sur les dettes souveraines, via la hausse des coûts de financement des Etats jugés les plus fragiles. Le rendement obligataire italien à 10 ans est déjà proche des 4% et 230 points de base supérieurs au rendement allemand. Un autre risque important, souligné par plusieurs membres du Conseil des gouverneurs, est que l’inflation à moyen terme soit revue à la hausse. En effet, plus le choc dure, plus ce dernier pourrait être interprété comme un véritable changement structurel par les agents économiques. Cela pourrait menacer la crédibilité de la banque centrale et de facto ses marges d’actions pour atteindre son objectif de stabilité des prix. Deux bonnes raisons pour que la BCE augmente son taux de 75 points de base, dans la lignée de la Réserve fédérale en juillet.


Référence: https://www.allnews.ch/content/points-de-vue/bce-oceans-75

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